Il fait froid, j'ai mal à la gorge. Et un gros rhume. La vie est injuste, ou alors Dieu est un sacré rigolo, croyez moi. Pourquoi est ce qu'il faut que je sois malade pour la première journée de mon premier travail ? Enfin, premier travail....premier travail « sérieux ». Je vois pas à quoi ca sert, sérieusement. Je ne vais plus pouvoir me concentrer sur quoi que ce soit ! Je peux tirer un trait sur la carrière de mes reves !
Je soupire et hisse ma guitare sur mon épaule et ajuste mon bandana. F*ck quoi. Pas question que je mette une cravate et un costume pour aller enseigner. De toute facon, je suis pas sur qu'il y en ait à ma taille. Et puis. Techniquement, je suis un peu contrain et forcé aujourd'hui...Faut dire que si il y a quelques années on m'avait dit que je deviendrais prof, jamais je l'aurais cru. J'ai toujours été contre les profs et tout ce qu'ils représentaient, meme si je n'étais pas un yankee, j'avais ma facon bien à moi de me rebeller.
Et me voilà, quelques années plus tard, à me présenter au portail de cette école.
La première chose que je remarque en entrant est que les professeurs sont presque tous des petits jeunes qui ont l'air pour la plupart de juste sortir des jupons de leur mère. Les élèves n'ont pas l'air plus étouffés que cela. Ils ont l'air meme plutot content de venir. Un lycée étrange ouais. Avec des profs ENCORE PLUS étranges.
Un névrosé qui a peur de tout, une alcoolique, une pile électrique....Bref, j'en passe des vertes et des pas mures.
J'ai un mauvais, et bon pressentiment sur cet endroit à la fois.
Je me rend donc à la première classe. 12 élèves. Un petit groupe de troisième année. Je suis assez impressionné. Tous sont heureux de voir enfin un vrai prof de chant dans leur lycée. Donc...Il faut dire que je suis pas mal accueillis. Personne ne fait de réflexions sur ma dégaine, et du reste, je m'en sors pas trop mal.
Dans l'après midi, j'éternue moins, et je me suis débarrassé de mon écharpe. Les élèves de cette classe aussi sont adorables.
Finalement, même si ce n'est pas ce que j'imaginais, je pense que je pourrais m'y habituer. Peut être, qui sait. Je suis tombé sur le bon endroit. A 17h, j'ai récupéré mes affaires et j'ai remis mes lunettes sur mon nez.
Je n'aime pas me balader dans les couloirs d'un lycée la nuit. C'est peut être parce que tout cela me fait penser à ce qui a failli me couter définitivement la vue...C'est alors qu'une silhouette attira mon attention.
En un instant, me voilà propulsé dans le passé. Pourtant ce n'est pas le même regard qui croise le mien, le visage est adouci aussi, bien qu'il soit toujours couverte de cicatrices que dans le passé. Mais ce regard, il est différent de tous les autres.
Il a envie de l'appeler mais l'homme a disparu avant qu'il ne puisse le faire.
Salut, Sofian, tu te rappelles de moi ? Tu as fait de ma vie un enfer.